Le dimanche, je m’appelle Olivier

Le dimanche je m'appelle Olivier

Le livre

Les autres jours elle s’appelle Mona.
Elle est barmaid, « infirmière de l’âme » comme elle dit. Un jour un homme pousse la porte du café où elle travaille, le Well.com à Tuisper. C’est à lui qu’elle écrit, en écoutant du blues.
Sinon, elle dessine des jardins secrets et élève un Fantôme.

Ce qu'on en dit

Un homme, une femme, un adultère

 

Les Ruines de la future maison, premier roman d’Hélène Dassavray publié chez le même éditeur, nous avait permis d’apprécier un écrivain alliant une certaine tendresse pour ses personnages – plutôt marginaux en l’occurrence – et une grande simplicité dans la narration. On retrouve ces qualités dans son deuxième roman, Le Dimanche, je m’appelle Olivier, en même temps qu’un surcroît d’attention pour ses (anti-)héros et leur intimité. En tout cas, pour celle de l’héroïne principale, Mina, qui se définit ainsi : « Cinquante ans, célibataire, barmaid, fumeuse, aucune chance dans les petites annonces ». Situation qui ne l’empêchera pas de séduire et d’être séduite par un écrivain de passage dans la petite ville qu’elle habite. Le livre suit au plus près le rythme de leur relation. Adultère, puisqu’il est marié, tandis qu’elle vit avec son fils lycéen. Les doutes, les emportements, les indifférences succédant aux brefs moments de complicité charnelle sont relatés avec précision. On est loin des foucades adolescentes aussi enflammées qu’éphémères : c’est une relation adulte, dépourvue d’illusion. Mais l’on voit aussi comment s’organise l’adultère aujourd’hui, entre voyages éclairs, e-mails et conversations discrètes de portable à portable, de messagerie à messagerie ; mais aussi combien il conserve ses caractéristiques anciennes, les nuits de plaisir dérobées à l’épouse légitime, les aspects sordides et parfois grisants de la clandestinité. Le récit de ce lien, qui se noue puis se dénoue, est mené avec une remarquable sobriété, donnant le cadre d’un portrait de femme émouvant.

N.B. in Livre & lire

Extrait

Rentrée à la maison, sans prendre la peine d’allumer, je traverse l’entrée, la cuisine, le salon, monte une volée de marches, frappe discrètement à la porte d’une chambre, l’ouvre en douceur si le silence me répond. J’écoute une respiration et referme sans bruit. Un dernier escalier et j’enlève enfin mes chaussures. J’apprécie cette tradition provençale d’une pièce à chaque étage, des escaliers qui n’en finissent pas et musclent les fesses. Juste un peu dur quand je rentre du boulot.
J’ai mes habitudes, me laisser choir, rouler une cigarette, verser une tasse du thé toujours prêt dans le thermos et jouer le disque du moment : Morcheeba, Dive Deep, avec ce morceau que j’adore Enjoy the Ride. Album programmé en boucle.
Je goûte l’instant, la perspective de pouvoir dormir demain matin, donc encore quelques heures devant moi et de toute façon pas sommeil. Les heures heureuses. Celles où je fais ce que je veux : passer l’aspirateur si ça me chante, manger une tablette de chocolat, repeindre les murs – c’est déjà arrivé, un soir, comme ça, en rentrant du bar – ou jouer au portrait-robot du prochain homme qui partagera ma vie. Pleurer aussi. Parfois c’est nécessaire.
Je me sens bien dans mon nid, j’en ai choisi les couleurs, connais l’histoire de chaque objet. Personne d’autre n’y a mis son grain de sel. Je ne reviendrai pas en arrière sur ce plan-là : ce besoin d’un espace qu’on ne partage pas. Entre deux histoires, on établit la liste des pièges dans lesquels on ne tombera plus, mais elle est écrite sur une ardoise magique, un regard de velours suffit à l’effacer.

Réfugiée dans la familiarité de la nuit, je me retrouve. Pas d’interférence, loin des intoxications et manipulations qui sont notre quotidien, ne jouer aucun rôle, n’avoir d’autre fonction qu’être soi.
J’enfile un vieux pyjama, une robe de chambre, troués, décolorés. Je mets à niveau le thermos de thé, prépare une autre cigarette avec nos délicieuses herbes de Provence, choisis quelques CD et, à moins qu’un livre en cours me passionne, m’assieds au bureau pour dessiner.
Je m’arrête quand la douleur enflamme mes épaules, quand les lignes commencent à flotter, que je ne sais plus très bien où accoster. Je cueille dans le dessin des sensations qui n’existent pas ailleurs – mon seul but. Je ne dessine pour personne d’autre que moi. Ainsi je me maintiens debout, ne succombe pas à la folie de ce monde, je ne finirai pas enfermée ou dans la lutte armée – ce qui revient au même.

Chacun a ses raisons de se lever le matin. Il en faut au moins une pour quitter la douillette trêve du lit et arpenter le monde hostile, les dents brossées.
Pour moi c’est le désir d’une cigarette.
Quant à savoir ce que je fais dans la vie… Il m’arrive de répondre que je suis infirmière de l’âme, me déclare barmaid quand la question est officielle et dans l’espace de mes nuits je dessine des jardins secrets.

Chacun a sa façon de se lever le matin.
Parfois elle change.
Qu’on le veuille ou non.
Comment savoir à quel moment précis commence une histoire ?
Pour la nôtre, disons ce fameux vendredi de décembre…

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Editions A plus d’un titre

Nombre de pages : 147
Format fermé 130 x 170 mm
I.S.B.N. 978-2-917486-22-1
Prix 11 €
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