42 Dimanche

 

Je pense souvent, à ce que disait Benoîte Groult :
Je suis née sans droits, je les ai vu arriver un par un.
C’était il n’y a pas si longtemps, elle est morte en 2016, est née juste une quarantaine d’années avant moi. Elle ne fait pas partie d’une autre histoire, elle avait à peu près l’âge de ma mère.
J’y pense souvent à mes aînées qui ont brûlé leurs soutiens-gorge, qui se sont unies pour transformer en profondeur l’esprit du monde, je pense aux hommes déroutés participant à ce mouvement – qui vient de faire un pas encore.

Ma propre mère a été frustrée toute sa vie, à cause des rôles auxquelles elle a été assignée. Moi, je n’ai pas bien compris comment ça marchait, que j’avais le droit d’être intelligente. C’est exactement ce qui ne doit plus arriver, ce sentiment de ne pas être matière qui compte, de ne pas avoir droit aux chapitres, que tout cela se décide en dehors de soi.
Je pense souvent aussi à mes filles, mes belles filles, à leur confiance en elles, à leur détermination, à leur liberté d’être, elles sont nées avec tous ces droits qui maintenant vont de soi.
Elles ne lâcheront toutefois pas le terrain.
Elles ont conscience de ce que disait Simone de Beauvoir :
N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant
J’admire celles qui enlèvent leur voile en Iran et tant de femmes sur la planète qui, confrontées à l’oppression, se tiennent debout, ne se laissent plus faire, dénoncent, combattent.
Je songe à ces nouveaux êtres à l’équité intégrée.
A l’échelle historique, ce monde vient à peine de naître.
Nous sommes les témoins et les acteurs de l’équilibre en train de se trouver.
A l’échelle planétaire, ce n’est pas gagné.
Simple, forte, aimant l’art et l’idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée.
Disait Louise Michel.