301 Dimanche

La jeune femme est arrêtée sur le trottoir, elle est occupée à son téléphone,
elle scrolle et tapote avec ces geste particuliers des mains de jeune femme aux longs ongles faux. Elle a les cheveux tirés en arrière dans une grande queue de cheval, les yeux bordés de noir, les cils d’une star. Sur son t-shirt rose, une grande étoile d’or paillette au soleil, son pantalon blanc lui fait comme une peau, elle est chaussée à une dizaine de centimètres du sol. Derrière elle passe comme une ombre un homme sombre. Il est flou, sa maigreur enveloppé dans un grand manteau noir. Les cheveux et la barbe noirs, des traces de poussière sur ses joues creuses. Il est presque pieds-nus, ses sandales ne tiennent plus qu’à un fil.
Tout aussi ignorant l’un de l’autre, on dirait qu’ils ne jouent pas dans le même film.
Ils sont pourtant côte à côte à l’instant, respirant le même air.
Juste un selfie du monde.