28 Dimanche

On reçoit des Whatsapp des amis, des photos des unes sur les plages de Marie-Galante, des vidéos des autres dans la neige suédoise. Ici, nous suivons notre cours, le Royaume accueille ses prémices printanières, les jours rallongent. De temps en temps, nous déjeunons dehors, sans craindre le plein soleil. Nous ne sommes pas dupes, nous savons que l’hiver n’a pas quitté les lieux, qu’il nous faudra encore arrondir le dos.
N’empêche que c’est toujours ça de gagné en douceur.
Je fais en ce moment l’expérience de la blessure par écriture.
Il m’a prévenu, m’a dit pourquoi c’était important qu’il l’écrive, que c’était un instant, il fallait que ça sorte, et puis il travaillait les sentiments extrêmes.
Il m’a assurée de son amour, mais il a écrit et publié un poème comme un coup de couteau dans mon cœur.
Le débat est sur la table. Je sais pourquoi on écrit, j’en connais la nécessité, l’honnêteté requise, je n’aurais pas aimé qu’il se censure. Mais j’en ai pleuré, et j’ai encore les larmes aux yeux quand j’en parle, je l’ai trouvé si violent et si injuste.
Dans le débat, d’ailleurs, je me demande quelle est la part de l’amour propre dans ce grand chagrin.
(On me souffle dans l’oreillette que peu importe la réponse – et on ne l’a pas toujours, mais que c’est important de se poser cette question)
Nonobstant, j’expérimente la blessure par écriture et cela changera forcément la mienne.